mardi 2 mars 2010

L'Instinct de Mort 2

Dès mon enfance, mes yeux se sont ouverts sur la mort et la violence. J'ai ressenti la

guerre que les adultes se livraient au nom des libertés.
A l'âge d'homme, je l'ai faite moi-même. Autre guerre..., autre violence. Le meurtre
collectif est glorifié s'il se commet au son de l'hymne national. Les guerres vécues, les
guerres racontées, les guerres ressenties ne m'ont pas donné l'exemple du respect de la
vie. Elles n ont fait que légaliser l'assassinat à mes yeux. On a armé ma main au son de la
«Marseillaise» et cette main a pris goût à l'arme. On m'a appris la violence et j'ai pris goût
à la violence.
Depuis que j'ai vu le jour, les hommes se massacrent de par le monde, s'assassinent, se
trahissent, se parjurent au nom d'un idéal qu'ils se donnent pour justifier leurs actes...
Alors, aujourd'hui, face à mes juges, face à mes accusateurs, je resterai froid s'ils me
parlent du respect de la vie. Car l'homme est un loup pour l'homme; et si, parfois, il se met
en meute pour rendre sa justice, il n'en reste pas moins un loup, comme celui qu'il s'est
autorisé à juger. Je n'ai mené qu'une guerre personnelle dans un milieu qui n'est pas celui du
plus grand nombre. Ce milieu a ses lois... A ce jour, je n'ai jamais vu un citoyen pleurer la mort
d'un truand. Je ne lui reconnais donc aucun droit de justice en ce qui concerne les comptes
que nous réglons entre nous.
Si j'ai volé, je n'ai jamais dépouillé des pauvres. Je me suis attaqué aux banques ou à des
entreprises pour la plupart de mes agressions. Je n'ai jamais usé de violence sur un caissier
ou un transporteur de fonds et je crois avoir toujours travaillé proprement. Je n'ai ni violé, ni
agressé des vieillards, ni exploité la femme. Si j'ai épousé l'aventure, c'est que j'aimais le
danger. Si des hommes ont perdu la vie sous mes balles, c'est qu'il m'a fallu faire un choix
entre leur vie ou la mienne. En acceptant un face à face armé, ils ont pris leurs risques,
tout comme j'ai pris les miens.
Dans l'action, je suis toujours passé le premier. Mes vrais amis ont toujours pu
compter sur moi. Je n'ai jamais manqué un rendez-vous.
Si j'ai rayé le mot «pitié» de mon vocabulaire, c'est que j'ai trop vu d'injustices, trop vu
d'hommes crever en prison, trop vu d'hommes détruire l'homme.
Par deux fois, dans ma vie, j'ai voulu changer ma route et rejoindre la société et ses lois
avant d'atteindre le chemin du non-retour. J'ai échoué, car l'homme qui franchit les
portes d'une prison en reste marqué à vie quoi qu'il fasse sur le chemin de la réinsertion
sociale. La société est vindicative... Un ex-condamné ne sera jamais quitte de sa dette,
même après l'avoir payée... On lui imposera l'interdiction de séjour, on lui refusera le
droit de vote, mais on lui fera payer ses impôts et on le mobilisera si une guerre se
produit. On lui reconnaîtra le droit de payer et de mourir pour son pays... mais pas celui de
choisir le genre de société dans laquelle il veut vivre. Châtré de ses droits civiques, il restera
toujours un
d'homme. Il se soumettra ou se révoltera.
Après deux échecs, j'ai choisi la révolte et dès ce jour les refus de la société n'ont plus
eu d'importance pour moi. J'ai violé ses lois avec plaisir et vécu en dehors d'elles. Je me suis
attribué le droit de prendre. J'ai dépassé toutes les limites, car je n'en avais plus aucune,
comme je l'ai déjà dit.
Hors-la-loi... La société a perdu toute emprise sur moi et m'a rendu «inintimidable» à ses
sanctions pénales.

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