Après deux échecs, j'ai choisi la révolte et dès ce jour les refus de la société n'ont plus

eu d'importance pour moi. J'ai violé ses lois avec plaisir et vécu en dehors d'elles. Je me suis
attribué le droit de prendre. J'ai dépassé toutes les limites, car je n'en avais plus aucune,
comme je l'ai déjà dit.
Hors-la-loi... La société a perdu toute emprise sur moi et m'a rendu «inintimidable» à ses
sanctions pénales. Si je lui reconnais le droit de me condamner, je ne lui donne pas celui de
méjuger. A la vérité, je me suis condamné moi-même du jour où j'ai mis une arme dans
ma main et que je m'en suis servi. Je n'ai ni remords ni regrets. Mais je fais le voeu que
cette même société se penche sur le sort des jeunes délinquants qui pourrissent inutilement en
prison; le délit ne justifie pas toujours la sanction. La prison est l'école du crime.
Actuellement elle s'y fabrique les Mesrine et Willoquet de demain. Pour ces jeunes, il
faut un espoir. La main tendue est plus efficace que la chaîne. Fermer la porte d'une cellule
ne résoudra pas le problème de la délinquance primaire. Pour eux, il est encore temps; pour
moi, c'est trop tard. De la prison à vie... à la mort, ma sentence me laisse indifférent. Ma
vraie condamnation, je la lirai à chaque parloir dans les yeux de mes deux filles, et là... je connaitrai le regret.